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Femmes de réconfort : les victimes cachées de la Seconde Guerre Mondiale

  • Sarah Zaraa
  • 11 nov. 2020
  • 4 min de lecture

Tout a commencé en 1937, lorsque durant les massacres de Nankin notamment, on témoigne de la cruauté des soldats nippons, qui commettaient des viols et massacres qualifiés d'atroces.

Pour protéger les soldats des maladies vénériennes et préserver la réputation de leur armée, le quartier général impérial entreprit alors de mettre en place des bordels militaires de campagne appelés les "stations de confort" en zone conquise, pour "maintenir le moral" des troupes.

Des jeunes femmes et jeunes filles, souvent âgées de moins de 16 ans, étaient enrôlées au moyen de fausses annonces d'emplois rémunérés (serveuses, ouvrières...) ou bien enlevées lorsque la tromperie ne suffisait plus.

On dénombre aujourd'hui, sur la base d'archives et de témoignages, plus de 200 000 victimes, jeunes filles de toutes origines (coréennes principalement mais également chinoises, taïwanaises, japonaises ou philippines), qui ont été enlevées et éloignées de leur famille pour subir les pires atrocités.

Très vite, ces jeunes filles ont été réduites à l'état d'esclaves sexuelles, devant jour après jour enchaîner les « passes » pour satisfaire les besoins sexuels d'innombrables soldats nippons, et celles qui refusaient d'obéir n'en étaient que plus violemment punies. Selon les témoignages des anciennes femmes de réconfort, les conditions de vie étaient atroces : elles appartenaient à leur maison close, et étaient souvent frappées ou torturées. Si elles essayaient de s'échapper, elles étaient violemment battues, parfois jusqu'à ce que mort s'en suive. Beaucoup d'entre elles y ont laissé leur vie, à cause des maladies et du manque d'hygiène.

Certaines vont jusqu'à se suicider pour en finir avec les traitements ignobles qu'on leur impose.

Après 1945, le traumatisme et la peur de l'humiliation sont immenses. En effet, dans les sociétés patriarcales Asiatiques, et comme dans la plupart des sociétés patriarcales par ailleurs, avoir subi un viol est un déshonneur, et reste donc inavouable ; c'est pourquoi ces femmes ont choisi, face à la pression sociale, le silence. Il en est de même pour les gouvernements concernés, qui ont dénié toute implication dans ces actes.

Actuellement, la question refait surface. Malgré l’oubli de ces femmes et de leurs souffrances quelques décennies durant, la problématique est réapparue pour la première fois vers le début des années 1990. Les premières rescapées coréennes ont enfin dénoncé publiquement ces actes et l'implication de soldats Japonais dans ceux-ci, et réclamé des dommages et intérêts ainsi que des excuses pour les dernières survivantes dont le nombre ne cesse de diminuer jour après jour.

Ces femmes ont décidé de parler, car, la société Coréenne ayant évolué, la mentalité des jeunes coréens encourage leur prise de parole ; elles ne sont plus considérées comme coupables de leurs viols, mais comme victimes.

La reconnaissance de ces actes a mis bien du temps à voir le jour, le gouvernement Japonais ayant fait totalement abstraction de la problématique durant des années.

Certains politiciens, tels que le maire d’Osaka, ont même pris la parole afin de justifier les actions des soldats de l’époque, considérant qu'elles relevaient d'une nécessité.

A la suite de l’année France-Corée, en 2015-2016, le sujet est cependant réapparu au-devant de la scène et a enfin suscité une réaction réfléchie de la part de l’état Japonais. En effet, en octobre 2015, le Premier ministre Shinzo Abe a exprimé ses excuses officielles et s’est alors engagé à verser 7,5 millions d'euros de dédommagement aux victimes. Certains pensent ces faits comme les propos d’un état ne prenant pas ses responsabilités, tandis que d’autres jugent que l’argent n’est pas une véritable compensation formelle.

Aujourd'hui, l'histoire des « femmes de réconfort » connaît encore des rebondissements. Une affaire a éclaté récemment, et tend à complexifier d'autant plus les relations entre le Japon et la Corée. En effet, une statue en hommage aux « femmes de réconfort » a été érigée par des militants devant le consulat du Japon, à Busan en Corée du Sud. Le Premier ministre japonais a alors demandé au gouvernement coréen de retirer la statue. Celle-ci a été retirée, mais les autorités locales ont finalement autorisé les militants à la remettre en place.

Le 24 Février 2016, un film de Cho Jung-rae, "Spirits' Homecoming", sort au cinéma en Corée du Sud. Le réalisateur eut l'idée de ce film grâce Kang Il-chul, femme de réconfort qui a ouvertement parlé de ce qu'elle a vécu durant ce terrible épisode de l'histoire.

Ce film conte le récit de Jung-min, 14 ans en 1943, enlevée sous les yeux de sa famille pour servir de « femme de réconfort ». Parallèlement, en 1991, Eun-Kyung, victime de violence sexuelle, développe le pouvoir de communiquer avec les morts et fait la rencontre de Young-uk, une des survivantes de l'époque. Le film dévoile alors l'impuissance des victimes face à leurs bourreaux, et montre les diverses formes de violence endurées par celles-ci.

Néanmoins, une chose est sûre; il en a fallu, du temps -85 ans- pour en venir à l’acception de ces événements de la part des populations (coréennes ou autres) et la reconnaissance des états concernés. Peut-être beaucoup trop lorsqu'on constate qu’il ne reste aujourd’hui, en cette fin d'année 2017, plus que 37 survivantes -coréennes- pour en prendre connaissance.


 
 
 

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